La réalité virtuelle au service d'une situation de handicap partagée en formation
Résumé
Le projet VetReality questionne l’intérêt potentiel que peut fournir la réalité virtuelle dans l’encouragement des mobilités étudiantes par les enseignants et les formateurs en filières professionnelles ou professionnalisantes. Ce projet financé dans le cadre de l’agence européenne Erasmus+ a été lancé avant la pandémie mais l’intérêt de son objet d’étude a crû au fur à mesure que les mobilités de chacun se sont réduites. En effet, pensée initialement pour inclure dès le départ la réponse aux besoins éducatifs particuliers des étudiants en situation de handicap, la conduite à tenir face à la situation sanitaire liée au covid-19 a permis de porter un regard singulier sur la pertinence de la réalité virtuelle en formation (Chevalier, 2020). Ainsi, lors des différentes phases de la pandémie, lors des confinements ou lors des fortes vagues de contamination de la population, le concept d’accessibilité des formations ne concernait non plus une minorité d’étudiants mais bien une majorité de la population. Chacun d’entre nous vivait une situation de handicap propre : en se trouvant dans une situation nouvelle privée de mobilités, d’échanges, de communications... C’est au travers ce prisme d’observation que portera le témoignage analytique de la conduite d’un projet mené avec et pour les acteurs de la formation professionnelle.
Nous décrirons tout d’abord dans cette contribution les leviers et les obstacles auxquels peuvent être confronté les utilisateurs de la réalité virtuelle lors de la mise en place d’une formation. La dimension expérientielle dans le recours à des technologies éducatives dans la formation de formateurs sera évoquée (O’Sullivan, Bird et Marshall, 2021). Nous mentionnerons aussi l’intérêt et les difficultés de proposer des applications de réalité virtuelle correspondant au projet (e.g. Chiron, Guidoni-Stoltz et Mayen, 2019 ; Ferrand et Sarralié, 2018 ; Mengue-Topio, Courbois et Sockeel, 2015).
Nous aborderons ensuite la dimension européenne du projet et ces effets sur la conception d’un programme de formation nécessitant de prendre en compte les spécificités des partenariats de l’accompagnement à la destination d’étudiants en situation de handicap. Concevoir un projet de mobilité de formation mobilise en effet les entreprises de stage, les centres de formation ainsi que les structures d’accompagnement linguistiques et culturelles. De plus, quand les élèves présentent des besoins spécifiques, la collaboration nécessite également de solliciter les partenaires des pays d’accueil et de départ. Il peut s’agir en fonction des pays et des territoires d’associations, coopératives, associations à but non lucratif ou encore de centres de formation (Pallisera & al., 2018 ; Poirier et al., 2020).
Dans une approche de didactique professionnelle (Pastré, Mayen et Vergnaud, 2006), nous analyserons subséquemment la médiation des savoirs opérée auprès des formateurs par le prisme de la mise en place et du déroulement d’une formation hybride pendant laquelle quatre espaces de formations parallèles vont se côtoyer :
•l’espace physique du lieu de formation,
•l’espace de la visioconférence pour celles et ceux ne pouvant venir,
•celui des applications en ligne à disposition, dont une développée spécialement pour l’occasion,
•le monde de réalité virtuel dans lequel certains apprenants étaient plongés.
Nous conclurons notre travail par une réflexion quant à l’usage de la réalité virtuelle pour la formation et sur la façon de penser la transmission des savoirs à l’aube du metavers dans le cadre d’une société inclusive.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)