Corps et performance: "S'augmenter" pour se "dépasser" ?
Résumé
Depuis quelques décennies, une révolution s’est opérée quant au corps. Il ne s’agit plus seulement de soigner, de prévenir et de restaurer la santé tel que l’Antiquité en avait initié l’usage, ni de cultiver une perfectibilité corporelle susceptible d’infléchir un destin individuel -et de l’améliorer-, projet médical, pédagogique et politique du XVIIIème siècle, mais bien de modifier et de transformer le corps, c’est-à-dire aussi la nature. La pharmacologie nouvelle, les greffes, les prothèses, le dopage supposent la plasticité du corps humain et sa perméabilité à l’artifice technique. Par là, la question de l’identité humaine se pose, ou se posera, c’est-à-dire celle de la définition d’un corps naturel, de ses limites éventuelles et de sa combinaison possible avec l’artifice, ou celles de la technicisation de l’humain ou de son hybridation. Que sera l’homme du futur ? La médecine est ardemment sollicitée sur ce point de même que, corollairement, la réflexion philosophique ou bioéthique.